Roman Etranger

Le Pavillon des Brumes Oranges

(The Tent of Orange Mist)

Paul West

Editions Gallimard

1995

2 vote(s)

Nankin, 1937. Les troupes japonaises envahissent la ville et y commettent les pires attrocités. Flamme d'Ibis voit la maison familiale transformée en bordel par Hayashi, colonel de l'armée d'occupation, bien loin des combats, pourtant tout proches, l'armée de . Son frère décapité et jeté dans le puis au fond du jardin, sa mère noyée dans le fleuve, cette fille d'une famille d'intellectuel doit se plier aux volontés d'Hayashi pour survivre. Il y a certes la fuite dans la culture au travers des histoires de Sandro Somatti, missionnaire venu en Chine en 1582, qu'elle invente, qu'elle déforme, comme si les exactions des envahisseurs japonais affectait jusqu'au passé de la Chine. L'apparition du père de Flamme d'Ibis, Hong, un temps caché dans la maison puis enfin au service d'Hayashi lui-même complète l'étouffant huis-clos dépeint ici par Paul West. L'horreur, omniprésente à l'extérieur alors que les combats se poursuivent tout autour de la ville, mais aussi dans la maison où la perversion des gradés japonais rappelle que la vie de chacun ne tient à qu'un fil. La conclusion de l'affrontement, inévitable, oppose le refus du père à la compromission de sa fille. Flamme d'Ibis, qui a choisi le camp de la survie devra porter son fardeau de victime le restant de son existance alors même que 55 ans plus tard, les japonais lui refuseront toute véritable rédemption.
Paul West propose dans ce roman son analyse des modifications qui affectent les personnes placées dans une situation extraordinaire, la barbarie de la guerre. Tant Hayashi, père de famille emprunt de médiocrité au Japon, il se mue en bourreau à Nankin. Le père, professeur d'université refuse d'affronter la réalité de ce qu'est devenue sa fille pour finalement préférer la mort lorsque celle-ci s'impose à lui. Flamme d'Ibis, si elle paraît se sortir de l'épreuve, c'est la dernière survivante de sa famille, aucune issue ne se présentera à elle pour échaper à ce destin irrémédiablement affecté par cet épisode d'occupation.
Un roman sans concession ni illusions sur l'âme humaine.
aC

 

Les critiques des lecteurs :

Soyez le premier à donner votre avis sur ce livre

Du même auteur :

L'homme au rat, Albin Michel, 1987.

Le médecin de Lord Byron, Rivages, 1990.

Les filles de Whitechapel et Jack l'éventreur, Rivages, 1991.

Le palais de l'amour, Rivages, 1994.