Stratégie pour deux jambons

Raymond Cousse

Le serpent à Plumes

1995

Ecrit dès 1992, ce court récit du regretté Raymond Cousse mettait en scène un cochon pensant. Et du temps pour penser, un cochon en dispose. Ca commence par détailler sa mangeoire, la porte de l'enclos. Première opposition notable avec le porcher sur la position du seau. Pour cet employé de ferme de bas niveau, celui-ci se pose naturellement au centre. Pour le cochon, la question apparaît comme plus complexe. Beaucoup plus complexe. La position du sus-mentionné accessoire influe très directement sur la meilleure façon de se déplacer dans son local (à ne pas confordre avec la porcherie qui est, il faut le rappeler, le logement du porcher). Un seau au centre implique une trajectoire circulaire. Impensable pour le cochon contradictoire qui opte d'emblée pour les diagonales, quoiqu'en y réfléchissant...inutile d'entrer en conflit avec sa hierarchie directe, car tout l'effort du cochon, le philosophe inclut, doit tendre vers l'équarrissage final. apothéose qu'á aucun prix un cochon ne doit manquer. On le voit le ton de l'ouvrage, léger dans les premières pages, tourne rapidement au grave, au sarcastique.
A partir du moment où le goret prend conscience de la présence d'és au-dessus de son box, ça tourne carrement à l'aigre : la condamnation de l'univers politique est sans détour. La remise en cause de la pyramide inversé qui repose sur les épaules du cochon est directe, de même que les mécanismes pour atteindre le sommet, le poste d'équarrisseur en chef.
Raymond Cousse laisse ici s'exprimer sa plume acide pour le plus grand bonheur de ses lecteurs fidèles.
Près de dix ans avant Truismes, les porcs savaient philosopher. Ils ont beaucoup perdu depuis la mort de leur auteur fêtiche.

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